 | Madame Brigitte KAQUET Il semblerait que nous arrivons à l’âge où nous nous disons adieu, nous, les aventurières fondatrices de Magdalena Project, .
Brigitte a été présente dès le début de Magdalena Project, une voix très particulière, jamais dans l’air du temps, jamais consensuelle. Immensément cultivée, passionnée de littérature et donc d’écriture, sous des apparences de fragilité et d’oiseau blessé, elle avait une détermination et une force impressionnante. Elle a monté le premier festival de Voix de femmes à Liège avec presque rien, un optimisme inébranlable et en même temps elle prenait à bras le corps les tragédies féminines : elle a créé en même temps que le festival, un réseau des femmes, sœurs, mères de disparues. Elle les invitait à mettre en mots, en actes, en pensées des douleurs insupportables. Elle croyait dur comme fer que l’art était un des vecteurs possibles, un des langages accessibles, elle y croyait envers et contre tout et elle l’a mis en acte.
J’ai appris avec les années à aimer, respecter et admirer cette femme si particulière, si surprenante. Nous sommes toujours de loin en loin restées en contact. Je lui ai souvent demandé d’écrire, j’avais été impressionnée par les textes qu’elles m’avaient fait lire, j’avais le sentiment de rencontrer une écrivaine en devenir.
Cette dernière année, j’ai eu le bonheur de lire le roman qu’elle avait enfin écrit, « Sarandra ». Une écriture si personnelle, à la fois lyrique et tranchante, à la fois évocatrice et dure, à la fois belle et brutale. L’histoire qu’elle nous raconte, ou les histoires sont infiniment tristes et elle arrive à en extraire une beauté douloureuse. J’ai été immensément touchée par ce roman, et j’y ai surtout vu le premier roman d’une écrivaine. Je pleure aujourd’hui tous ces livres qu’elle portait et qu’elle a emportés.
C’était une très belle femme.
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